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Les conditions d’une évaluation juste en stage pratique (1)

Article de Marc GUIDONI Commentaires fermés sur Les conditions d’une évaluation juste en stage pratique (1)

evaluation bafa bafdDurant le stage pratique, le directeur doit se placer résolument dans l’optique d’une évaluation formative, qui consiste à guider le stagiaire dans son apprentissage, à l’aider à situer ses difficultés et à trouver les moyens de s’améliorer. L’évaluation doit être le moteur qui entraîne l’animateur en formation à progresser. Entre les deux extrêmes que nous avons présentés dans une série de billets consacrés au stage pratique, la plupart des directeurs d’accueils de mineurs adoptent vis-à-vis des stagiaires une démarche et des conditions de relations qui vont permettre réellement une formation pratique et un suivi du stage.

Le directeur doit donc s’entendre avec l’animateur stagiaire sur ce qui va être évalué pendant son stage : identifier avec lui des indicateurs observables et suffisamment objectifs pour essayer de réduire l’impression d’arbitraire. Le fait de rechercher et de choisir ensemble les éléments considérés comme déterminants et d’être clair sur les enjeux de chaque activité observée permet d’instituer le climat de confiance indispensable pour que l’évaluation devienne un réel instrument d’évolution et d’éducation de l’autre.

Une démarche permettant une évaluation juste pourrait se présenter en 4 points.

Définir clairement des objectifs

Il s’agit en premier lieu que le directeur exprime ce qu’il attend du stagiaire, avec 2 références : les fonctions de l’arrêté sur le BAFA et son projet personnel de direction. Le directeur doit donc en premier lieu se demander ce qu’il peut attendre du stagiaire, et le lui dire. Les objectifs fixés doivent être clairs, réalistes et raisonnables, tenir compte de la personne du stagiaire, de son parcours et de ses attentes personnelles. Il s’agit de se comprendre et d’arriver à une sorte de contrat commun. Et cette étape ne doit pas se faire une fois que le séjour a commencé.

Clarifier les capacités attendues

En partant à la fois du vécu et du potentiel du stagiaire, le directeur doit en déduire les capacités qu’il doit développer pour atteindre les objectifs, en partant de là où il en est, pas d’une représentation idéale. Personne ne démarre à zéro. Mais là se pose la question ultime : qu’est réellement capable de faire un animateur débutant après huit jours de formation théorique ?

Plutôt que de se perdre en conjectures sur la valeur de la formation générale, mieux vaut, sincèrement, prendre le temps de connaître stagiaire, et de repérer les compétences qu’il a déjà acquises (et qui pourront être mises en œuvre tout de suite), et celles qu’il doit l’aider à développer.

Donner des moyens de progresser

Le directeur est responsable de la réussite du stage pratique. Au moins autant sinon plus que le stagiaire lui-même ; notamment par son accompagnement, et par le temps qu’il pourra lui consacrer pour lui donner des méthodes, l’aider à trouver des solutions. Il veillera particulièrement à adopter une attitude positive envers l’animateur débutant, et en lui manifestant beaucoup de confiance.

Il faudra aussi au directeur donner du sens à ce que le stagiaire vit à travers le projet, lui apprendre à rester dans une démarche éducative, et à rendre plus lisible comment il participe par son action, à la cohérence éducative de l’ensemble de l’accueil. Enfin, il devra être disponible, pour l’aider à se poser, à réfléchir avant, pendant et après l’action. Ainsi le stagiaire sera en mesure de construire une démarche organisée, un projet.

Sur un autre plan, l’attention du directeur sera important pour que le jeune animateur apprenne à être sensible aux réactions des enfants, à leur état physique et psychologique, pour en tenir compte en opérant des ajustements dans un jeu, dans une animation. Il pourra ainsi, peu à peu, trouver le rythme juste : la tendance d’un stagiaire est trop souvent d’occuper constamment les enfants, dans l’angoisse des temps libres qui sont pourtant extrêmement constructifs et recherchés par les enfants.

Enfin, tout en le stimulant en lui donnant des responsabilités, il conviendra de prendre garde à ne jamais le mettre dans une situation insécurisante, qui peut rapidement devenir une situation d’échec.

Montrer la force de l’équipe

Un « nouveau » est toujours intimidé lorsqu’il rejoint un groupe constitué. Le directeur a la responsabilité de lui permettre de se sentir membre à part entière de l’équipe. Il lui montrera même comment l’équipe est une force, au service de sa réussite. Grâce à l’équipe, le stagiaire n’est pas seul : il peut, avec l’aide des autres, aller au-delà de ce dont il se croyait capable.

L’un des plus puissants moteurs de progression résidera dans la capacité du directeur à valoriser devant l’équipe les réussites de l’animateur stagiaire.

Identifier les indicateurs de réussite

Le rôle du directeur est enfin de permettre à l’animateur stagiaire de prendre conscience de sa progression. Il doit créer les outils et les occasions nécessaires pour qu’il se rende compte qu’il a évolué au cours du stage, lui dire à quels signes il va reconnaître qu’il a atteint ces objectifs. En pratique, il s’agira de définir avec lui des modalités de suivi pédagogique et des critères d’évaluation.

Logiquement, si le directeur suit cette démarche, l’appréciation portée sur le livret de formation devrait être une simple formalité. Elle s’appuie sur les faits concrets observés pendant le stage et qui ont été considérés dès le départ comme les indicateurs de l’évaluation.