Nous avons dans un premier billet présenté les enjeux de la relation éducative entre le directeur de stage pratique et le stagiaire BAFA. En effet, à cause de la position centrale du stage pratique dans le cursus BAFA, c’est finalement le directeur du séjour ou de l’accueil qui va faire le lien entre les acquis théoriques du stagiaire et la pratique. Il va devoir aussi former, évaluer et porter une appréciation. Deux types de directeur peuvent être caricaturés, le directeur ‘cool’, et le ‘perfectionniste’, illustrant deux manières extrêmes d’envisager l’accompagnement des animateurs débutants.

Le directeur cool

Monsieur le directeur. Comment faites-vous pour former et évaluer les animateurs stagiaires ? Eh bien, d’abord, sachez que ma porte est toujours ouverte. Ensuite, concernant l’évaluation, je ne vois pas l’intérêt de la formaliser. Après tout, nous nous voyons toute la journée ! Je n’ai pas besoin d’avoir d’entretiens personnels avec eux puisque nous sommes tout le temps ensemble. Si quelque chose ne va pas, on se le dit très facilement en équipe.

En fait, sous des dehors débonnaires, un tel directeur se dérobe à sa responsabilité de formateur en préférant entretenir un flou volontaire qui finalement est préjudiciable au stagiaire. C’est ce genre de méthodes qui permet aux incompréhensions et aux non-dits de s’accumuler. Le stagiaire n’a jamais la possibilité de s’expliquer. Au mieux, il apprendra de façon détournée, par des sous entendus peu clairs ou, pire, par des remarques d’autres animateurs dans un moment d’énervement : si tu savais ce que le directeur m’a dit sur toi !

Le stagiaire a donc besoin de rencontres personnelles, approfondies, qui ne soient pas nécessitées par la stricte gestion du quotidien. L’entretien est un moyen de protection du stagiaire. C’est un moment où s’exerce un effort de clarté pour supprimer autant que possible l’arbitraire et éviter à l’animateur d’être pris en traître au moment décisif où il devra signer son appréciation finale.

Vous aurez remarqué aussi qu’en répondant la question, le directeur parle de ses besoins, pas de ceux du stagiaire. S’il ne formalise pas d’évaluation, et notamment d’entretiens, avec les stagiaires, c’est peut-être parce qu’il craint que l’évaluation ne remette en cause ses pratiques, et lui-même. C’est dommage, ce directeur perd de grandes occasions d’enrichissement personnel ! Dans un entretien chacun a quelque chose à dire à l’autre. Le directeur et le stagiaire peuvent chacun exprimer ce qu’ils attendent de l’autre et finalement ce qu’ils pensent l’un de l’autre, même s’ils ne sont pas à égalité sur ce plan-là. De fait, un stagiaire n’a pas à porter d’appréciation écrite sur le directeur !