C’est à juste titre qu’on qualifie régulièrement du BAFA de rite de passage dans le monde adulte. Sans généraliser, la plupart des scolaires de 17 ans, qui constituent la majorité du public des sessions, sont en pleine construction identitaire et ont jusqu’à présent principalement vécu un mode de relation avec les adultes (qu’il s’agisse de leurs parents ou de leurs enseignants) en position d’enfant : on reçoit, on subit, on critique.

Le but de la formation BAFA est d'en faire des adultes responsables. En session de formation générale, le stagiaire oscille encore entre un statut d’enfant et un statut d’adulte. Il faut pourtant s'assurer de sa capacité à bientôt être responsable d'un groupe d'enfants. 8 jours, c'est court pour faire un adulte.

Aussi, nous disons ainsi souvent aux formateurs qu'ils doivent être les témoins de la décision que va prendre un stagiaire de devenir un adulte. Et pour y parvenir, il faut commencer à le traiter comme tel. Il a ensuite toute sa vie pour en devenir un. Le stage pratique y contribuera assurément plus que l'écoute attentive de doctes formateurs.

Le rôle des situations vécues en session théorique

L’afocal favorise une pédagogie destinée à des adultes, axée sur situation où l’on joue tantôt l’animateur, tantôt l’animé. Petits jeux, grands jeux, veillées et activités manuelles sont ainsi des moments privilégiés. Mais quelles que soient les méthodes actives employées, la mise en situation n’est pas réelle.

Malgré tous les efforts des formateurs, le stagiaire ne peut que faire semblant, jouer à être animateur. Il est constamment en plus, comme en classe, placé sous le regard d’adultes dans une perspective d’évaluation, de jugement. C'est un des paradoxes des sessions BAFA. Les formateurs tentent de ne pas agir comme des enseignants pour privilégier une relation de formation entre pairs, et ils font face à de jeunes adultes qui se comportent comme des élèves.

Le stage pratique

C’est donc bien seulement en stage pratique que l’animateur stagiaire devient concrètement animateur. Fini le virtuel, « l’apprenti » est confronté au principe de réalité. Il doit mettre en œuvre sans attendre les savoir faire et savoir être acquis en session de formation générale. Et faire des liens.

Mis au pied du mur, il se trouve projeté du côté adulte, à la fois par le regard des enfants et par celui du directeur et des autres animateurs. Il est en contact avec de vrais enfants, parfois pour la première fois. Il ne joue plus avec des enfants imaginaires ou avec des adultes qui font semblant d’être des enfants (parfois bien maladroitement).

Il va devoir établir une relation juste avec eux en tant qu’adulte responsable, se faire accepter par le groupe d’enfants dont il a la charge, trouver sa légitimité, et se trouver en position d’être lui-même à son tour « critiqué » ou jugé, par les enfants. Il va devoir également établir une relation d’égalité avec les autres adultes en trouvant sa place dans l’équipe d’animation.

par Roselyne Van Eecke & Marc Guidoni