Être un homme, ou une femme, de synthèse, capable d’analyser, de décider et d’agir ne se décrète pas. Cela se construit, comme un projet personnel, et c’est un long chemin. Il faut se doter...
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Les qualitudes du directeur

Article de Marc GUIDONI Commentaires fermés sur Les qualitudes du directeur

Être un homme, ou une femme, de synthèse, capable d’analyser, de décider et d’agir ne se décrète pas. Cela se construit, comme un projet personnel, et c’est un long chemin. Il faut se doter pour y avancer d’un certain nombre d’outils, constituer un ‘paquetage’ de capacités et d’aptitudes personnelles, un peu comme les vertus que devaient réunir les chevaliers du Moyen-Âge. L’Afocal avait fabriqué un mot pour les désigner : les ‘qualitudes’ (qualités + attitudes). Peut-on aujourd’hui réunir enfin les éléments nécessaires pour répondre à cette question lancinante : dites chef ? comment qu’on fait pour d’v’nir chef, chef ? Quelles sont donc les qualitudes du directeur…

Être un homme, ou une femme, de synthèse, capable d’analyser, de décider et d’agir ne se décrète pas. Cela se construit, comme un projet personnel, et c’est un long chemin. Il faut se doter pour y avancer d’un certain nombre d’outils, constituer un ‘paquetage’ de capacités et d’aptitudes personnelles, un peu comme les vertus que devaient réunir les chevaliers du Moyen-Âge. L’Afocal avait fabriqué un mot pour les désigner : les ‘qualitudes’ (qualités + attitudes). Peut-on aujourd’hui réunir enfin les éléments nécessaires pour répondre à cette question lancinante : dites chef ? comment qu’on fait pour d’v’nir chef, chef ? Quelles sont donc les qualitudes du directeur…

Décidons d’emblée de les scinder en deux ensembles. Le premier invite à la clairvoyance, qui caractérise le directeur curieux, rassembleur, attentif et souple. Le second retient les traits les plus profonds de sa personnalité.

La clairvoyance est une volonté de réfléchir sur des préoccupations nouvelles et de penser au-delà des préoccupations du moment. Elle réclame lucidité, patience et écoute.

 La lucidité :

Envers soi-même, d’abord, elle est capacité à connaître ses points forts et ses points faibles ; envers l’action, c’est aussi la capacité à s’appuyer sur des certitudes. Petite illustration …

Deux hommes partent ensemble à la chasse à l’Ours dans les forêts d’Amérique du Nord. Ils s’y rendent au moyen d’un avion de tourisme, avec un pilote privé. L’un d’entre eux est un habitué de ces expéditions dont on dit qu’elles soudent l’équipe des cadres dirigeants leur entreprise. Pour l’autre, appelé à de hautes fonctions, c’est une première fois.

Ils abattent un animal impressionnant de taille, dont il faudra faire un trophée. Les voici donc devant l’appareil. Malgré la force de conviction de l’homme expérimenté, il semble raisonnable de penser que la bête ne rentrera pas dans l’avion. Celui-ci assure pourtant que l’an passé, la même question s’est posée, et que non seulement la dépouille de l’ours est rentrée, mais encore l’on a décollé. Au prix de multiples efforts, et avec l’aide du pilote, on fait bien entrer dans l’avion tout l’équipage. Et l’on décolle. Mais après à peine quelques minutes de vol, on s’écrase, sans dommage pour les personnes, en pleine forêt.

Le pilote se tourne vers ses passagers et demande : quelqu’un sait-il où nous sommes ? L’homme expérimenté de répondre : à vue d’œil, à peine quelques centaines de mètres en avant de l’endroit où nous nous sommes écrasés l’an passé.

 La patience :

Il ne s’agit pas là d’encourager à l’attentisme !

Mettons en avant la patience éducative, celle qui est nécessaire lorsque l’action s’inscrit dans la durée. Cette patience-là est ordonnée vers l’action future, elle est celle du projet.

Connaissez-vous les contraintes de la culture de l’arbre à caoutchouc ? D’abord, il faut acheter le terrain, puis préparer la terre pendant toute une année. Planter les semences et permettre à l’arbre de pousser 7 années avant de pouvoir extraire le latex. Si l’on respecte ce temps, il en produira pendant 19 ans. Et il faudra l’abattre, pour recommencer.

Cela dit, chacun s’accordera que la patience ‘ordinaire’ est autant indispensable. Car pour pouvoir s’inscrire dans la durée avec des personnes, il faut pouvoir les supporter !

 L’écoute :

Pour pouvoir pratiquer la pédagogie de l’accompagnement, nous demandons aux formateurs de mettre en œuvre l’écoute active. C’est de cela qu’il s’agit : une écoute qui signifie l’ouverture profonde aux êtres, aux idées, aux choses. Il faut la relier avec ce que Carl Rogers appelle la considération positive et inconditionnelle, ou encore que la tradition à l’origine de l’Afocal nous a donné : la bienveillance.

La foi en ce qu’il entreprend est importante pour notre directeur. C’est sa capacité à traduire ses valeurs en actions par des objectifs ambitieux, à avoir des rêves et à mettre du sens dans ce qu’il fait. Comment aider les stagiaires à avancer en ce sens ?

 L’humilité :

La mesure, la discrétion, sont, paradoxalement sans doute, des qualités importantes pour un dirigeant. Elles permettent l’empathie et l’entretien de relations respectueuses.

La capacité de se connaître pour agir soi avec confiance est intimement liée à la capacité de faire exister l’autre et lui permettre de réussir. Un homme, une femme, qui agit de manière évidente pour l’intérêt de son projet et le fait passer avant le sien va inspirer la confiance, susciter l’adhésion. A l’opposé d’une personne qui met en avant sa propre vision et laisse entrevoir sa soif de pouvoir.

 La culture :

La culture relie les hommes entre eux. Elle n’est pas somme de connaissances ou d’expériences : on peut être cultivé et n’avoir aucune culture. C’est en fait une capacité à entrer en relation, ce qui fait l’humanité de l’homme (au moment où d’aucuns nous interrogent sur une identité nationale …).

 L’authenticité :

On lit ici et là qu’elle sera LA vertu du siècle à venir. Elle est, dans un monde où les convictions sont ébranlées de toutes parts, une sorte de consonance intérieure. La capacité de savoir quand ce que l’on dit raisonne en nous avec sincérité, honnêteté et vérité. Son illustration, classique, est le conte des 3 tamis de Socrate que vous connaissez.

Celui qui réunit cette foi en ce qu’il entreprend et cette clairvoyance est à n’en pas douter un homme responsable, et un vecteur d’humanité. C’est l’enjeu : faire alliance entre les personnes, donner du sens et bâtir. Il existe encore des figures qui dans notre société peuvent incarner, illustrer au moins, cette dimension que nous souhaitons donner au directeur. En voici une galerie de portraits, libre à nous de choisir à qui nous identifier pour fonder notre réflexion sur notre manière de diriger et d’agir.